J.Adams, S. Reich, les compositeurs américains

Publié le par stephen0711

Les compositeurs américains

UN courant culturel californien assimile les méthodes occidentales (école de Nadia Boulanger), et se tourne vers la philosophie et des rythmiques d’extrême orient. Attirance pour la musique africaine.

Citons : Phil Glass, Steve Reich (1936), Terry Riley (1935), John Adams (1947).

§         Steve Reich, Ecrits et entretiens sur la musique (Ed. Christian Bourboin)

§         Morton Feldman à musique répétitive

§         Aaron Copland à musique néoclassique, post stravinsky

§         Nelton Babbitt à sérialisme intégral

§         Contrechant n°6 (1986, Ed. l’âge d’homme)

§         Steve Reich (1968), la musique comme processus graduel, “ce qui m’intéresse, ce sont des processus à percevoir”.

Une attitude mentale se différencie d’un intellectualisme revendiqué par une autre génération de compositeurs occidentaux. Les phénomènes musicaux subissent une transformation sonore par manipulation (s’il y a un dispositif) extrêmement graduelle. Selon Steve Reich, « l’exécution et l’écoute d’un processus musical graduel appelle les comparaisons suivantes :

-         mettre une balançoire en mouvement et observer son retour graduel à l’immobilité

-         retourner un sablier et observer l’écoulement du sable

-         mettre ses pieds dans l’eau puis regarder, sentir, écouter les vagues les ensevelir peu à peu »

Le trait pertinent des processus musicaux, c’est qu’ils déterminent simultanément l’ensemble des détails note après note et la totalité de la forme. En exécutant et en écoutant des processus musicaux graduels, on participe à une sorte de rituel particulier libérateur et impersonnel. 

 

 

Phil Glass, Music in twelve parts

Une musique dite minimaliste qui revendique clairement peu de moyens. Revendication d’une pulsation, d’une technique de phase et de déphasage progressif. Idée de répétition.

 

Steve Reich, Music for musicians (1976)

 

John Adams, The Sherman dances (1985)

Fox-trot pour orchestre. Tambours africains, percussions indiennes, rock, jazz, cette musique revendique un certain hédonisme, une fascination, voire même une certaine extase.

 

Terry Riley, In C (1964)

Il inaugure une nouvelle esthétique musicale.

 

Après les recherches de la seconde école de Vienne, il s’agit d’un tournant important que s’empressent de prendre Glass et Reich. Ils avaient suivi l’enseignement de Boulanger, Milhaud, Berio. Ils revendiquent d’autres sources, d’autres thèmes d’inspiration non occidentales : musique ghanéenne pour Reich, musique indienne pour Glass (il y a, à la différence de Messiaen, une écoute de la musique indienne, des références). Il y a une volonté d’être éclectique. Ce qui est emblématique, voire suspect, c’est l’univers de la sensation, trop évacué ou trop nié par le courant intellectualiste de la sic. Ces compositions revendiquent un diatonisme et un goût prononcé pour la consonance.

 

 

On constate une certaine stabilité de l’harmonie basée sur la conception de l’étirement temporel. Cela engendre une nouvelle réflexion sur le temps musical, sur une autre exploitation des repères temporels. En même temps, ils revendiquent la régularité de la pulsation. Ces musiques ont naturellement séduit des chorégraphes : ces sont des musiques exploitables pour la danse, grâce à leur énergie dynamique.

Il y a un attrait pour une musique divisée en petites unités rythmiques qu’ils additionnent. L’étirement du temps s’effectue grâce à des techniques de déphasage (notamment chez Reich). On note un goût prononcé pour des transformations progressives par superposition de couches sonores, notamment chez Glass.

Au niveau du timbre, ils font appel aux vents, les claviers, les percussions, les synthés, les orgues électriques, l’amplification des instruments, la voix. Perception immédiate des intervalles (2nde majeure, tierce mineure, quarte …).

L’exemple de John Adams

Il mêle des techniques minimalistes aux influences les plus diverses. Tradition symphonique américaine (de musique populaire), appel à des rythmes funk. Influence musicale de Broadway, de Gershwin, du métier musical européen et de sa grande tradition symphonique (sans être du collage). Reconnaissance de musique répétitive. Sa place se situerait dans la descendance du minimalisme tout en revendiquant l’héritage du Stravinsky néoclassique.

L’exemple de Steve Reich

§         études de la musique Balinaise (université de Washington)

§         études des techniques de tambourinage de l’Afrique de l’ouest, avec des tribus du Ghana

§         attiré par les idées structurelles qui appartiennent à la musique non occidentale

§         instruments occidentaux, musique tonale

§         déphasage : possibilité de modifier la fréquence des impulsions d’un nombre défini de sons. Un exemple, une composition pour quatre orgues. Mais aussi Pianophase.

«  J’avais deux magnétophones équipés d’une boucle, sur lesquels étaient enregistrés les mots « it’s gonna rain ». Les deux boucles avaient exactement la même longueur et je les passais simultanément à la même vitesse sur deux appareils. Après un certain temps, je remarquais que les deux appareils ne tournaient pas exactement à la même vitesse, et que l’information allait être déphasée progressivement. C’est à partir de ce défaut que j’ai réalisé que l’on pouvait écrire de la musique en tenant compte du déphasage. »

En même temps, dans sa musique, il y a un retour à la tonalité (et chez les autres). Paradoxalement, il retourne la phrase de Webern : « la même chose toujours autrement ». Tout est travaillé jusque dans les moindres détails. Il n’y a aucune improvisation malgré la revendication d’une interprétation de sa musique : tout se situe au niveau du jeu musical. Le résultat est celui d’un enchevêtrement musical, sensoriel avec le son. On peut dire que Reich et Glass ont choisi le rythme comme premier principe de développement. Ils affirment que la durée est le seul paramètre qui devrait être au cœur de la pensée, à l’origine même de la musique, justifiant ainsi l’idée du processus musical comme fondement de l’œuvre. C’est une attitude très attractive par rapport à l’indéterminisme prôné par John Cage.

à Steve Reich, musique pour 18 musiciens, section 9

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