La musique acousmatique et François Bayle

Publié le par stephen0711

La musique acousmatique

Définitions

Avec François Bayle. Il appartient au GRM, relié à l’INA. C’est un post-Schaefferien. Chronologie : fin des années 1960, début des années 1980. Au départ, un désir de contester la primauté instrumentales. C’est l’enregistrement qui bouleverse les méthodes de travail.

  • [ akousma] : allusion à la perception auditive. Vers –600 avec Pythagore : il invente un dispositif original d’écoute en se plaçant derrière un rideau. Il désigne cette situation par akousma. La motivation et les capacités de concentration sont augmentées.
  • Bruit acousmatique : on entend des sons sans en déceler les causes
  • Traité des objets musicaux de P. Schaeffer (1966) : le terme renvoie à la création de nouvelles conditions d’observation et d’écoute.
  • 1974 : F. Bayle parle de musique acousmatique : « c’est une musique qui se tourne, se développe en studio, se projette en salle, comme le cinéma ». C’est une musique qui se dispense de tout interprète sur la scène, d’interprétation instrumentale.
  • Qu’est ce que la composition acousmatique ? Des machines, un studio … cette musique fait appel à l’oreille intérieure d’une certaine manière. L’écoute est un constant aller-retour entre ce qui est en train de se composer et se qui est en train d’être entendu à partir des sons fabriqués, créés par le compositeur, et ce en vue d’inventer de nouvelles articulations.

Un nouveau vocabulaire en naissance ?

On peut parler « d’images de sons ». Un autre degré de technicité, une autre tradition entre dans l’univers musical. Xenakis a tenté l’expérience du studio (période d’expérimentation) avant de se pencher sur l’instrument.

Les sons sont donc travaillés, composés ou recomposés pour eux-mêmes. En principe, détachés de leur mode de production initial. Cela implique des abandons : l’abandon d’une causalité réelle, au profit d’une transformation, au profit d’une causalité beaucoup plus virtuelle. Tout cela est générateur d’un espace musical nouveau, censé produire un nouveau sens.

Le mode de diffusion.

Un orchestre de hauts-parleurs : l’acousmonium. Une mise en scène des sons particulière : une mise en scène de l’audible. Le haut-parleur, véritable écran sonore, permet au compositeur de diffuser en direct sa propre réalisation. Il est à la fois concepteur et interprète/diffuseur de sa propre musique. L’acousmonium permet des interprétations différentes de cette musique fixée. C’est une mise en espace de la musique. L’acousmonium du GRM : 16 à 24 canaux répartis sur 80 hauts-parleurs.

François Bayle – 1932

 

1967 – 1968 : Espaces Inhabitables

« […] Par exemple, la musique acousmatique, celle qui, par définition, cache les gestes qui l’on produite. Paradoxalement, c’est de cette musique que le geste est le plus présent. Non pas tellement comme cause immédiate et visible de la production des sons mais comme énoncé d’une forme purement sonore. La musique acousmatique construit un domaine de signification dans cette disparition ».

Première partie : Jardins de rien. Dédié à Debussy. C’est un essai d’organisation de processus dynamiques : figures de production. Il y a un ordre des solides : notes de cithare, attaque de sons, résonance, figure chromatique descendante … et un ordre des fluides : bruits de graviers foulés, bruissement de vagues, mouvement brusque se dissolvant.

 

1974 : Vibrations composées

1.      Rosace n°1

2.      Respiration

3.      Rosace n°2

4.      Texture

5.      Rosace n°3

6.      Rosace n°4

7.      Polyrythmie

8.      Petite polyphonie

9.      Rosace n°5

La musique acousmatique avec François Bayle

 

Trois rêves d’oiseau (sur le thème d’Icare) à trois pièces

-         L’oiseau moqueur (1963) : cette pièce apporte des dimensions particulières de l’espace des sons que les haut-parleurs creusent et contournent à leur manière.

-         Triste (1971) : retrouver le sens des fluides (un rapport avec les oiseaux tristes de Ravel ?). Cohérence des trajectoires et des vols planés.

-         L’oiseau zen (1971) : trois suggestions : 

o       Un éventail multicolore du compositeur, une sorte d’exorcisme

o       Une menace maléfique, une force hostile

o       L’idée d’un oiseau philosophe qui saurait pourquoi et comment chanter

Années 1950 : l’expérimentation musicale est le maître mot. Elle ouvre la voie à l’exploration d’un monde sonore nouveau, réévaluant même la notion d’œuvre d’art. il faut avoir une grande souplesse d’écoute, accepter de se déconditionner dans un premier temps. L’idée de fugitif est importante. On ne peut vivre sur une seule idée à part si l’on y voit une dimension marchande.

Il existe quelques vaines tentatives de fonder une école. La notion d’institution musicale prend le relais en France, dans les années 1960 et surtout dans les années 1970 avec la diffusion des festivals de musique contemporaine (dite musique d’avant-garde à l’époque) (Royan, la Rochelle, Festival Estival de Paris, Festival d’Automne). l’expérimentation stimule une nouvelle direction de l’écoute. La musique acousmatique a incontestablement influencé la création musicale contemporaine. Des techniques de studio ont permis un élargissement salutaire à tous les niveaux du paramètre sonore. On peut citer quelques noms qui ont illustrés cette tendance : Bernard Parmegiani, Jean-Claude Risset (Sud), Guy Reivel (travail sur la musique vocale notamment).

Il existe aussi des musiques mixtes [1] : mélange à la fois de sons concrets, électroniques, avec en direct un jeu instrumental … « musique pour bande et clarinette / saxophone etc ». Cette musique nécessite une pensée de l’enregistrement, de la manipulation des sons, de l’écoute. chez Bayle, on peut parler d’une véritable expérience acousmatique.



[1] Sequenca de L. Berio

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