Le premier Empire, spécificités musicales, Adrien Boieldieu, Evolution de l'opéra comique

Publié le par stephen0711

Notes prises du cours de Madame Danièle Pistone, professeur à l'Université Paris IV Sorbonne

Le Premier Empire, spécificités musicales                                   
Adrien Boieldieu                       
Evolution de l’Opéra Comique


Quelle est la spécificité de l’art musical du Premier Empire ?

Le PE s’ouvre avec la proclamation de Napoléon comme Empereur en mai 1804. Son sacre a lieu à Notre-Dame le 2 décembre 1804. On revient au calendrier grégorien (¹ calendrier révolutionnaire). Le territoire français est mouvant. Nous traiterons du territoire français actuel.

1804 ® 1814 + 100 jours en 1815 (retour de Napoléon). La musique est la fois art de prestige, vient redorer les cérémonies et en même temps un art du divertissement. Le régime est très fort, les censure est implacable, la musique est marquée par les goûts de Napoléon, mais aussi par la période révolutionnaire.

En quoi a-t-on l’impression que les goûts de Napoléon ont marqués la musique ?

Napoléon, très attaché à l’italianisme, à la musique italienne (Crescendi, Paisialo). En 1802, il faut ressusciter la chapelle consulaire qui deviendra la chapelle impériale en 1804. Napoléon choisit Paisialo comme directeur. Plus tard, Le Sueur. Le théâtre italien est rouvert en 1801. Il deviendra à l’époque romantique  un très grand théâtre. La technique de chant est très différent (du chant français : « el hurlo francese »). C’est l’opéra bouffa qui prédomine. Le terrain préparant l’arrivée de Rossini est assuré.

En quoi cet art vit-il dans la continuité de la révolution ?

Napoléon est un enfant de la révolution, c’est un soldat et un véritable stratège. La révolution est créatrice d’institutions nouvelles: l’Université, le Conservatoire (1795). Cette réorganisation ne touchera la musique que très tard. La musique n’est pas une véritable préoccupation. Les oeuvres sont de circonstances : flatter l’empereur (~ revendiquer la liberté pendant la révolution), le glorifier (1807 : Triomphe de Trajan, influence gréco-romaine), la messe du Couronnement (tableau de David). La musique était de Paisialo. La marche d’entrée et de sortie était de Le Sueur. effectif impressionnant, 400 musiciens, deux orchestres, deux choeurs.

 

Extrait :          

            - Kyrie du sacre de Paisialo

            - Marche du sacre de Le Sueur : clarté traditionnelle de la musique française, volonté de spatialisation (dont Berlioz a hérité), dialogue des masses sonores.

 

L’art de l’effet, du grand spectacle est retrouvé dans le théâtre. 1807 : Vesta

le de Spontini (antiquité romaine). Beaucoup de succès sous le premier empire. Avec en plus, en 1809, Fernand Cortese de Spontini. les chevaux de cirque sont présents sur scène ! La musique religieuse, par contre ne se remet pas des destructions de la révolution, les orgues sont détruits. Les messes de l’empire sont parfois fondées sur d’autres textes que ceux de la liturgie, cette musique a un côté trop profane, trop mondain pour le reste de l’Europe. Le style sévère (la fugue) est bannit. La brisure entre la musique savante et la musique mondaine est très présente pendant l’empire, et cette brisure se renforce.

En quoi ces dix ans annoncent-ils le reste du 19ème ?

On revient à certains usages de l’ancien régime : la chapelle royale est restaurée, le goût pour la parodie et l’arrangement revient. On rajoute à une nouvelle composition des morceaux choisis favoris du public : aria di baulo. Traitement des voix, dessus, basse taille, baritono, taille, laisseront plus tard place à SATB. Dans les concerts on entend beaucoup Haydn, Gluck, Vioti. Dans la musique de piano, dominée par les étrangers, Steibelt, Dussec. Les travaux sur la musique ancienne commencent pendant l’empire ; travaux de Choron qui éditent Palestrina et Josquin des Prés.

 

CONCLUSION : Importance de l’art italien. Brisure musique savante/musique brillante, cherchant l’effet. Le bilan de l’art musical napoléonien est beaucoup plus positif que l’art littéraire. La musique a célébré les fastes de l’empire, le peuple en a besoin (importance de la Romance, héritée du 18ème « plaisir d’amour » de Martini, musique de danse, pour les bals avec émergence de la valse). L’art sonore populaire s’exprime pour faire vivre le peuple.


 

Adrien Boieldieu (Rouen 1775 - Jarcq, Essonne 1834)

Formation à Rouen avec Charles Broche (organiste). Il illustre l’art pianistique davantage que Mehul; plus attiré par la virtuosité.

1792 : concerto pour pianoforte

1795 : concerto pour harpe.

Extrait : final de sonate, appelé Rondo de Boieldieu. Sonate opus 4 n°2 en lam, en quatre mvts.

® peu de recherche harmonique, beaucoup de virtuosité et de contraste.

 

Il écrit pour le théâtre très jeune.

1793 : premier OC. La fille comptable (livret de son père). Par de recherche orchestrale.

1800 : le calife de Bagdad (St Just) (un acte)

1825 : la dame Blanche (scribe), son chef d’oeuvre.

Extrait : ouverture du calife de Bagdad.

® percussions qui orientalisent la musique mais c’est tout ! sinon la partie vocale ressemble aux romances, il n’y a rien d’oriental.

1803 : ma tante Aurore (longchamps) (deux actes).

Extrait : ma tante Aurore, deuxième acte. Début.

® passage le plus réussi dans l’art vocal de Boieldieu.

 

1803 - 1811 : séjour à St Petersbourg (maître de chapelle de l’empereur Alexandre Ier)

1808 : les voitures versées (Dupaty)

1817 : élection à l’académie des beaux-arts.

 

C’est un musicien officiel mais il s’est engagé pendant la Révolution. Il représente quand même l’art de ce siècle : Oc, romances, virtuosité.


 

L’opéra comique

1825 : la dame blanche (Boieldieu, Scribe)

1830 : fra diavolo (Auber, Scribe)

 

C’est un genre français où parlé et chanté sont mêlés. Mais cette caractéristique va disparaître au 19ème. Les sujets sont empruntés à l’univers quotidien (¹ sujets mythologiques), prestige du soldat, du militaire (cf. Napoléon). Ce genre requiert moins de moyens (décors, effectifs) que l’opéra. Quand s’ouvre le 19ème, le genre a 40 ans d’âge, avec pour prédécesseurs Grétry, Dalérac qui sont d’ailleurs rejoués. Au 19ème, on retrouve Méhul, Boieldieu, Herold (élève de Méhul), Adam.

 

1832 : le pré aux clercs (Hérold, Planard, d’après Mérimée)

1834 : le chalet (Adam, Scribe et Melesville, d’après Goethe)

Ce sont des ouvrages qui n’ont pas beaucoup évolué depuis le 18ème, sauf au niveau de l’influence italienne (1820 ca, Rossini).

 

Extrait : Air, « viens gentille dame », la dame Blanche. Air, « ah quel plaisir d’être soldat »

® image de la grande armée napoléonienne.

Extrait : deux extraits du pré aux clercs.

® les fioritures de l’opéra italien vont se retrouver dans l’opéra français à la fin des ‘20.

 

Les sources d’inspiration se diversifient. Le parlé disparaît. En 1864, Napoléon III accorde la liberté des théâtres. Les récitatifs sont mis en musique et le genre perds de son identité. Mais le genre se raffine dans l’écriture avec Le Cocq (1872, le fille de Mme Angot), Messager (1898, Véronique). On ressent la montée d’un nouveau genre, l’opérette, qui s’approche nettement de l’opéra en le parodiant. C’est le mélange des genre musicaux, et leur perte d’identité qui va s’opérer au 19ème siècle : symphonie, concerto, poème symphonique ... et donc que devient la définition du genre musical ?

Publié dans MUSICOLOGIE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article